L’histoire de Poverello

Jan Vermeire
Jan Vermeire était notre fondateur. Certains voyaient en lui un père. Il avait à coeur le bien-être de tous ; il aspirait à ce que tout le monde, grand ou petit, riche ou pauvre, se sente à l’aise dans Poverello.
Une longue carrière a Bruxelles fit de lui un sexologue reconnu. Sa santé defaillante le menant à prendre sa retraite de manière anticipée, il déménagea dans les Ardennes pour y vivre une vie plus calme. Il y rencontra un jeune prêtre avec qui il discutait de tout sauf de religion. Un jour, soudainement, il se rendit à la paroisse de ce prêtre pour y assister à une messe. Au cours de l’homélie, ce jeune prêtre parla de la souffrance de Jésus, montrant un petit crucifix. « Que pourrais bien m’enseigner un jeune prêtre au sujet de la souffrance? Trente ans que je la cotois au quotidien. » se disait Jan tout d’abord. Mais, en contemplant ce crucifix, il fut saisid’une conviction nouvelle. Il était entré dans l’église en gentleman, il en sortirait comme un enfant qui pleure. La pensée «Jésus a tout fait pour vous jusqu’à verser la dernière goutte de son sang et vous, vous n’avez rien fait pour lui. Ne pensez vous donc jamis à lui? » ne le quittait pas.
Jan vit sa vie changer radicalement au cours des années suivantes. Il se laissa inspiré et guidé par de nombreuses personnes qui, en leur temps, suivirent sans concessions la voie du Christ tels que Charles de Foucauld, Thérèse de Lisieux, Vincent de Paul, Don Bosco et François d’Assise. Il se retira dans les bois dans une cabine qu’il avait construite lui-même et y dévoua son temps à la prière et la réflexion. Après un an, Jan estima qu’il était temps de revenir à Bruxelles. Il se mettrait à nouveau au service des délaissés, de ceux laissés pour compte par notre société, quoique d’une manière complètement différente.
Les experiences parfois eprouvantes qu’il y vécu dès son retour furent décissive, elle formèrent Poverello. Dans le quartier des Marolles, connu pour sa pauvreté, il vut un homme mourrir et ce, dans l’indifférence totale des riverains. Ces confrontations ne lui firent pas que prendre conscience de la proximité de la misère mais le firent aussi questionner son propre confort. Pourquoi avait-il un lit, de la nourriture, du chauffage et une famille alors que tant d’autres n’avait rien de tout ça?
En 1978, lle premier lieu d’acceuil de Poverello ouvrait. Depuis, Poverello a grandi et, sous la tutelle aimante de Jan s’est répendu à travers toute la Belgique. Aujourd’hui, environ 400 bénévoles aident au sein des différentes maisons de Poverello dédiées à l’acceuil de tous. Malgré la responsabilité qu’il endossa tout au long de ces années, il ne prétendait pas être plus important que d’autres : il se savait être un poverello, un petit pauvre. En 1998, notre organisation fut choquée par la mort innatendue de Jan Vermeire à la suite d’une maladie fulgurante. Nous continuons à oeuvrer, fidéles à l’inspiration et à l’objectif original: faire que tout le monde, grand ou petit, riche ou pauvre se sentent à l’aise au sein de Poverello.
Combien il est difficile de parler d’amour,
De la source unique de la vie,
A ceux qui ont été blessés,
Par amour de l’argent,
Par amour du plaisir,
Par amour de l’ambition,
De parler de l’espoir,
A ceux qui se noient dans d’incessants echecs.
Ce n’est alors pas le temps de parler avec de beaux mots,
Pas le temps de persuader,
Mais juste d’être présent dans la simplicité, de demeurer à l’écoute,
Et de demander la sagesse et l’amour necessaire à la traversée de ces épreuves.
Jan Vermeire, Juin 1992
Une traduction libre